Nationale
La perception de leur qualité de vie au travail par les salariés de l'économie sociale et solidaire se traduit par une note moyenne de 6,3/10, légèrement supérieure à la note moyenne nationale attribuée par les salariés du secteur hors ESS. Elle est plus élevée pour les dirigeants, les salariés cadres, les plus jeunes et ceux travaillant dans des structures de petite taille.

Consulter les résultats du premier grand baromètre national sur la qualité de vie au travail dans l'ESS, lancé par CHORUM et réalisé par le CSA auprès de 6300 répondants.

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Le premier baromètre sur la qualité de vie au travail, réalisé par une mutuelle de protection sociale complémentaire, a été dévoilé lundi 3 février.

Sur quoi porte l'étude ?

En toute logique, les valeurs de l'économie sociale et solidaire (ESS) - dont la lucrativité limitée et la gouvernance démocratique - devraient favoriser la qualité de vie au travail. Cette affirmation, maintes fois sous-entendue par les acteurs de ce secteur n'avait toutefois jamais été démontrée.

Pour la première fois, une étude apporte des éléments de réponse. Chorum, une mutuelle entièrement dédiée à l'économie sociale et solidaire, a fait parvenir en octobre 2013 un questionnaire à des salariés et dirigeants de structures de ce secteur et a demandé à l'institut de sondages CSA d'analyser les réponses.

Avec ce baromètre (1), l'objectif de Chorum est de « récolter les regards croisés de dirigeants et salariés d'un secteur encore peu exploré en termes de qualité de vie au travail au niveau national », indique l'étude. « À terme, il s'agit d'améliorer la qualité de vie au travail, en définissant des mesures prioritaires et axes de travail fondés sur les conclusions de cette enquête. »

Au total, 6 261 personnes - 5 616 salariés et 645 dirigeants d'associations, de mutuelles, de coopératives ou de fondations - ont répondu. Les participants ont en moyenne 43 ans et demi et sont aux trois quarts des femmes. Près d'un sur deux (46 %) travaille dans des établissements de moins de 20 salariés (contre 20 % dans des structures de 20 à 49 personnes, 27 % de 50 à 499 personnes et 5 % de plus de 500 salariés).

Les secteurs les plus représentés sont les services pour personnes inadaptées ou handicapées (21 %), les centres socioculturels et associations d'accueil de jeunes enfants (16 %), la mutualité (13 %), l'aide et le soin à domicile (8 %).

Quelles sont les principales conclusions de l'étude ?

La relation au travail apparaît majoritairement positive chez les acteurs de l'économie sociale et solidaire, puisque 78 % des salariés et 89 % des dirigeants se disent « satisfaits de leurs conditions de travail ». L'étude fournit plusieurs éléments d'explication : 71 % des salariés estiment disposer des moyens matériels pour faire un travail de qualité et 80 % considèrent comme « bonne » l'ambiance de travail au sein des équipes.

Toutefois, 46 % des salariés (et 32 % des dirigeants) ressentent une dégradation de leur qualité de vie au travail ces dernières années. « Les salariés, notamment ceux qui occupent des fonctions d'accompagnement, peuvent être confrontés à des comportements et discours agressifs » de la part des bénéficiaires de l'aide, note les auteurs du baromètre. « Du côté des dirigeants, c'est la pression, la charge de travail et l'empiétement de la vie professionnelle sur la vie privée qui dessinent d'importants points de vigilance. »

Par ailleurs, les salariés ne sont que 58 % à se déclarer « confiants » dans leur avenir professionnel. « Baisse des financements publics, manque de moyens, évolution de la demande sociale : les contraintes externes sont nombreuses et pèsent sur un secteur largement dépendant des pouvoirs publics », souligne aussi l'étude.

Que peut-on en retenir ?

L'un des mérites de ce baromètre est de permettre la comparaison des résultats avec l'ensemble des salariés en général. Chorum a en effet demandé aux répondants de noter, de 1 à 10, la perception de leur qualité de vie au travail. « Passable », répondrait sans doute un instituteur, puisque la note moyenne des 6 261 répondants s'élève à 6,3/10.

Une autre étude réalisée auprès de l'ensemble des salariés par l'Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail, effectuée en juin 2013 sur les mêmes bases, faisait ressortir une note très légèrement inférieure : 6,1.

Dans le détail, les dirigeants salariés (7,4/10) et dirigeants élus (7,5) de l'ESS sont nettement plus satisfaits que les cadres salariés (6,6) et surtout les salariés non-cadres (6,2). Il apparaît aussi que plus les répondants sont jeunes, et plus la structure dans laquelle ils sont employés est petite, plus ils s'estiment contents de leur qualité de vie au travail.

Signe que le tableau est globalement positif, les répondants semblent toutefois inscrire durablement leur avenir dans l'économie sociale et solidaire, puisque 85 % des salariés et 92 % des dirigeants souhaitent continuer à travailler dans ce secteur. L'immense majorité (80 % des salariés et 94 % des dirigeants) se déclare ainsi « satisfaits » du contenu de leur travail. Ces chiffres « reposent également sur la conviction des acteurs de l'ESS que leur travail a du sens et qu'il est reconnu par les bénéficiaires, le public, les adhérents ou clients », note l'étude.

(1) Enquête, anonyme et confidentielle, réalisée exclusivement pour Chorum par l'institut de sondage CSA, à partir d'un échantillon de 6 261 salariés et dirigeants de l'ESS, entre le 30 septembre et le 28 octobre 2013.
Source : lacroix - SÉVERIN HUSSON